Cantonales : les politiques se positionnent

Publié le par cercledeburrunz.over-blog.fr

Cet extrait d'article paru dans le Journal du Pays Basque passe en revue les positions de candidats sur un canton, concernant la LGV :

 

BAYONNE-EST : LGV, IKEA,
LES CANDIDATS PRENNENT POSITION

26/02/2011

Pierre MAILHARIN

L’enjeu de la LGV, transversal aux différents cantons du Pays Basque, rencontre un écho particulier dans le celui de Bayonne-Est, siège de la gare bayonnaise. Qu’en pensent les différents candidats ? Ils s’expriment sur cette question (1). De même qu’ils nous livrent leur point de vue concernant un autre dossier de la circonscription : l’arrivée potentielle d’Ikea d’ici 2014 (2).

Marie-Christine Aragon (PS) :

(1) “Entre le mur de camions et le train, je choisis le train. Après, il faudra être très vigilant sur le tracé. Je suis allée récemment à Bordeaux pour une réunion, le TGV a mis 2h40. Il est resté en gare de Dax une heure. Près de trois heures pour faire un Bayonne-Bordeaux, ce n’est pas normal. Quelque part, cela veut dire que les lignes actuelles ne sont pas suffisantes. Ce projet est nécessaire si on veut supprimer le mur de camions. Mais il doit s’accompagner d’une forte incitation au fret ferroviaire”.

(2) “Il est difficile d’être contre la création d’emplois. Néanmoins, le site pose des problèmes car il se trouve en zone inondable, ce qui retarde l’arrivée d’Ikea d’année en année. Encore un exemple de dossier mal ficelé, mal amené. Ikea, c’est également un modèle de développement, de société, avec des attitudes d’‘égo-consommateurs’, qui ne correspondent pas aux valeurs socialistes. Au plan de la circulation, il faudra aussi être vigilant sur les voies d’accès entre Ametzondo et Bayonne. La mairie, la droite, nous disent que les clients d’Ikea viendront en ville. Mais par où vont-ils passer ? Par le quai Resplandy ? Par l’avenue Duvergier de Hauranne ? Il ne peut pas y avoir des milliers de personnes qui passent par là. En fait, ce n’est pas prévu qu’ils viennent en ville ! Pour autant, je ne m’imagine pas dire que l’on va refuser 700 emplois”.


Georges Barrère (Bayonne par cœur) :

(1) “Je suis contre le projet LGV. J’aime beaucoup le train, je circule souvent avec. Je suis bien sûr favorable au TGV. Mais je considère qu’il doit rouler sur les lignes du Pays Basque. Si on s’intéresse au dossier, on se rend compte qu’il ne faut pas de LGV. Yves [Ugalde, ndlr] et moi avons participé à toutes les manifestations anti-LGV. Nous luttons contre ce qui peut affecter le cadre de vie des habitants du Pays Basque”.
(2) “Je ne vois pas très bien ce que l’arrivée d’Ikea va apporter aux commerces. En revanche, je vois très bien ce qu’elle va leur enlever… Et en terme d’emplois, ce seront des postes sous-qualifiés, de manutentionnaires, de vendeurs à temps partiel, comme toujours dans la grande distribution…”

Marie Picard-Félicès (Europe Ecologie - Les Verts) :

(1) “La LGV, nous n’en avons pas besoin. Ce n’est pas une réponse à des problèmes locaux. Le Conseil général a dépensé 76 millions d’euros d’études, ce qui représente 1/10e de son budget. 10 % consacrés à des études que personne ne veut ! Il aurait mieux fait de les affecter à l’élaboration d’une offre de transport multimodale”.

(2) “D’abord, l’endroit est situé dans une zone marécageuse, humide, inondable. Il ne s’agit pas du lieu d’implantation idéal, cela saute aux yeux ! C’est aussi une question de société. Va-t-on en arriver à un centre-ville transformé en “Bascoland”, avec des gentils basques, qui danseront et chanteront, tandis que nous irons ensuite en périphérie faire nos courses, consommer des choses dont nous n’avons pas besoin, pour après rentrer dans nos campagnes ? Ce n’est pas logique. On est loin du développement durable, avec encore plus de bagnoles… Je connais déjà l’argument que l’on va m’opposer : ‘Ce sont les petits commerces qui se défendent’. Mais ce n’est pas vrai : c’est la défense d’un art de vivre”.

Alain Lacassagne (Forces 64) :

(1) “A ce jour, nous ne disposons pas de tous les éléments nous permettant de décider. Le but premier de la LGV est le transport des marchandises. Si une plateforme se crée à Saragosse, prend-on la bonne direction ? Ne faut-il pas utiliser les lignes existantes ? Je souhaite d’abord que l’on prenne toutes les mesures nécessaires afin de savoir si l’on ne peut pas faire autrement. En application du principe de précaution”.

(2) “La venue d’Ikea va créer 1 000 emplois, elle va amener de la richesse. Il ne faut pas que cela se fasse au détriment du centre-ville et des commerces bayonnais. A priori, ce n’est pas ce qui est proposé. Au niveau de la ville, on fait attention à tout cela. Il faut essayer de maîtriser l’ensemble des contraintes, nuisances, voiture, pollution. Je suis sensible à l’environnement. S’il y a des éléments négatifs, il faut les corriger. Après, la précaution ne doit pas être un refus d’avancer. Il s’agit d’être pragmatique et raisonné. On ne peut pas être contre tout”.

Daniel Romestant (Front de gauche) :

(1) “Nous sommes sur une demande de moratoire. Dans ce dossier, tout le monde ment à tout le monde, y compris le Cade, y compris les élus. L’autre aspect est celui du financement. Nous sommes résolument contre la mise à contribution des collectivités territoriales. De la même manière que nous sommes contre la privatisation de la SNCF. Lors de sa nationalisation en 1945, il était indiqué qu’elle avait une ‘mission d’aménagement du territoire’. Pour nous, la priorité est d’absolument développer le fret ferroviaire. Or, la politique actuelle du gouvernement consiste à le liquider au bénéfice de la route…”

(2) “Il est difficile d’émettre une opinion tranchée sur ce dossier, dans la mesure où il y aura à la fois des avantages et des inconvénients. En matière d’emploi, les conséquences seront négatives. Une étude de l’Insee a montré que quand une grande surface s’installe dans une zone d’achalandage, pour un emploi créé, trois sont supprimés. En même temps, cette implantation va offrir des propositions commerciales qui n’existent pas actuellement”.

Jean Tellechea (PNB) :

(1) “Je suis très content d’une chose : aux dernières régionales, on nous demandait toujours si l’on était pour ou contre le projet. A l’époque, nous répondions : nous sommes pour une LGV au niveau de l’Europe, mais contre la façon de faire de RFF pour la traversée du Pays Basque. En particulier en imposant une nouvelle ligne. Je constate que les trois Communautés de communes opposées au projet ont adopté cette position. J’observe également que M. Grenet s’exprime beaucoup moins sur sa gare internationale à Bayonne, puisque finalement, ça n’en sera pas une”.

(2) “Nous travaillons beaucoup sur le développement économique. Première chose : on ne protège pas les petits commerces en écartant la grande distribution. Aujourd’hui, les petits commerces, la grande distribution et les discounts visent chacun des populations différentes. Concernant le projet Ikea, je n’ai pas lu le dossier. Je ne sais pas si la cible est celle des magasins But, Conforama - dans ce cas, il deviendra leur concurrent direct - ou si l’enseigne sera complémentaire de ces gens-là. Je pense qu’elle le sera”.

Maite Etcheverry (EH Bai) :

(1) “La LGV est un projet inutile, fondé sur le mensonge. RFF veut construire de nouvelles voies au prétexte que la ligne existante va être saturée. Pourtant, deux contre-expertises ont démontré que les prévisions de RFF étaient exagérées et que la rénovation des voies existantes suffirait à absorber l’augmentation de trafic envisagée. C’est aussi un projet destructeur pour le Pays Basque. Et ruineux. Afin de financer le tronçon Bordeaux-Hendaye (5,5 milliards d’euros), l’Etat sollicite les collectivités. En terme d’argent public, cela représentera 5 000 euros par foyer fiscal, d’après les estimations du Cade. Pour le seul Conseil général, ce sont 192 millions d’euros prévus, en estimation basse, mais cela devrait plutôt se rapprocher de 459 millions d’euros. Autre scandale : celui de la ligne Tours-Bordeaux. Les conseillers généraux ont voté, fin 2009, 3,352 millions d’euros pour 2010 avec un engagement de six ans. Aucun d’entre eux n’avait inscrit ce vote lors de sa campagne. EH Bai s’engage à dénoncer ces engagements et à réaffecter ces sommes au développement du transport local”.

(2) “Ikea a été épinglé à plusieurs reprises pour avoir fait travailler des enfants dans des pays en développement. On a aussi constaté des problèmes en Europe pour des employés désirant se syndiquer. C’est une multinationale pour laquelle on peut avoir une certaine suspicion en matière d’application des normes sociales. D’autre part, lorsque le terrain a été vendu, une première estimation avait été faite à 10 millions d’euros. Finalement, le terrain a été vendu par la Cabab pour 7,6 millions d’euros. Soit un cadeau de 2,4 millions. De ce fait, nous estimons que la collectivité doit avoir un droit de regard sur cette entreprise, sur les types de contrats. En résumé, la venue d’Ikea c’est bien, car cela favorise l’emploi. Mais toujours non qualifié. On en a déjà beaucoup au Pays Basque avec le tourisme. Nous émettons donc des réserves.

Christine Lauqué (PR-UMP) :

(1) Le projet est à l’étude. Nous restons vigilants, mais je suis pour.

(2) Je suis favorable à la venue d’Ikea. dans la mesure où je trouve que c’est une très bonne chose pour notre commune et les communes environnantes. Maintenant, il semble que le projet a évolué. M. le Maire a demandé une révision. Nous sommes vigilants.

Christine Labrousse (Bayonne 100 % à gauche) :

(1) “La LGV, c’est beaucoup d’investissements, pour peu de temps gagné. Alors qu’on a les moyens de rénover les rails existants pour faire la même chose. On voudrait nous faire croire que la LGV est un projet ambitieux et bien pour tout le monde. Mais c’est avant tout quelque chose de cher pour un gain de temps dérisoire. Avec des gens expulsés de leur maison. Ustaritz sera notamment très touché. On leur promet une indemnité, mais elle ne sera pas suffisante pour retrouver une maison. Sachant qu’ici, les terrains sont chers et rares. En plus, beaucoup de familles vont chercher du terrain en même temps, ce qui va alimenter la hausse des prix. Pour moi, le jeu n’en vaut pas la chandelle”.

(2) “Je n’ai pas étudié la question. Je préfère ne pas répondre”.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article