L'absence de concertation avec l’Espagne

 

Inutile, le projet de ligne Bayonne-frontière est en outre mené en dépit du bon sens s’agissant de la coordination avec l’Espagne.

Le Coordonnateur européen du projet, Etienne Davignon, a ainsi émis des réserves très sévères sur la cohérence et la viabilité du projet. Dans un rapport datant de 2008, il avertit qu’« il existe un décalage significatif dans la planification du projet en France et en Espagne ». En effet, si des deux côtés la ligne est envisagée comme mixte (fret et passagers), l’Espagne la conçoit comme dédiée avant tout au transport interrégional de voyageurs, tandis que la France mise sur le fret en provenance d’Espagne. Ainsi, le gestionnaire du réseau espagnol prévoit de faire circuler les trains de marchandise sur la « capacité résiduelle » de la ligne. Cela représenterait au maximum, et à long terme, 94 trains par jour dans les deux sens. RFF avançait initialement le chiffre de 155 trains de fret avant de se rétracter pour celui de 94, rejoignant ainsi les prévisions espagnoles les plus optimistes.

« La cohérence des projets français avec ceux espagnols pourrait ne pas être assurée », prévient donc le Coordonnateur européen. « Il ne semble pas y avoir à ce jour une vision partagée de l’utilisation de l’infrastructure, depuis Bordeaux jusqu’à Vitoria ». Etienne Davignon appelle à « une coordination exemplaire » pour lever les incertitudes sur les caractéristiques techniques de la ligne.

Le rapport du CGEDD confirme que l’« on peut en effet noter que, du côté français, la ligne nouvelle a surtout été justifiée par le trafic de fret alors que, du côté espagnol, elle a surtout été justifiée par les trafics voyageurs ». Il recommande que « la coordination des stratégies française et espagnole soit maintenant traduite en objectifs concrets et rendus lisibles par le public ». Il est bien temps, en effet.

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