Fausse vérité : transport de passagers, l'offre crée la demande

 

Voyageurs longue distance : un non-problème 

 

De manière générale, une ligne Paris - Madrid à grande vitesse n’est ni un besoin ni un marché : pour un temps de trajet supérieur à 3 heures, le train subit de plein fouet la concurrence de l’avion. Or, la construction de nouvelles lignes à grande vitesse en France et en Espagne mettra Madrid au mieux à 5h30 de Paris : c’est certes moins qu’aujourd’hui, mais toujours excessivement long pour être en mesure de concurrencer l’avion. De plus, une augmentation du trafic passager en provenance de Paris peut être largement absorbée par la ligne actuelle qui n’est utilisée qu’à 20% de ses capacités. Le rapport du CGEDD ne dit pas autre chose : « le transport de voyageurs à longue distance apparaît insuffisant pour saturer l’infrastructure existante ». 

 

Enfin, le  nouveau tronçon Bayonne-Espagne n’apportera aucun bénéfice pour les futurs passagers d’un TGV Paris-Madrid. En effet, dans la mesure où ce tronçon ne sera pas une ligne à grande vitesse (voir la rubirque : "Fausse vérité : le désenclavement du Pays Basque"), il n’occasionnera qu’un gain de temps insignifiant, de quelques minutes au mieux, pour les passagers voyageant entre la France et l’Espagne.

 

 

TER : la surenchère irresponsable des collectivités locales

Un autre argument, particulièrement cher à la Région Aquitaine, est la nécessité – ou plutôt la volonté – d’augmenter le trafic TER en construisant une nouvelle ligne ferroviaire. Mais, là encore, on peut s’interroger sur une telle nécessité.  L’offre TER est déjà assez importante : il y a un train par heure environ auxquels s’ajoutent 14 trains grande ligne dont beaucoup sont omnibus sur la côte basque : ce sont donc près de deux trains par heure qui circulent en moyenne dans la journée.

Or, la demande en TER est en berne (voir la rubrique : "Fausse vérité : la nouvelle ligne permettra de réduire la pollution"). En aucun cas l’augmentation des TER ne peut justifier, même à titre secondaire, la construction d’une deuxième ligne ferroviaire au sud de Bordeaux.

Malgré cette réalité, la Région Aquitaine affirme vouloir multiplier par plus de quatre le nombre de TER (de 17 à 80) en introduisant le cadencement par demi-heure, voire par quart d’heure : mais qui remplira ces trains, dont le coût exorbitant est financé à 75% par des subventions ? La réponse est décisive pour le projet de LGV Bayonne-frontière car c’est cette explosion du trafic TER, conjuguée à l’augmentation soit-disant démesurée du fret, qui justifie la construction de la ligne nouvelle. Pourtant, toutes les prévisions du trafic régional, quelles qu’elles soient, se fondent sur une seule donnée : les décisions d’augmenter les dessertes prises par les collectivités locales, en l’occurrence les Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. A aucun moment, il n’est question d’estimation des besoins réels et de la demande ou d’études de marché. La notion de « coefficient de remplissage des trains » est totalement absente de l’analyse faite par RFF. Encore une fois, l’obsession ferroviaire française et, plus particulièrement, celle des collectivités territoriales, est lourde de conséquences pour les finances publiques, et donc pour le contribuable.

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